Depuis quelques années, les enseignants sont de plus en plus nombreux à intégrer les usages du numérique à leurs pratiques mais s’il est vrai que 97% d’entre eux estiment que cela peut leur permettre d’améliorer la qualité de leur enseignement, en les aidant à diversifier leur pédagogie et à améliorer le suivi des élèves, en pratique, beaucoup ont tendance à utiliser le numérique essentiellement pour préparer ou enrichir leurs cours, et reproduisent en classe des pratiques qui restent relativement traditionnelles. Les enquêtes nationales et académiques montrent que seulement 10% des enseignants organisent des séquences pédagogiques s’appuyant sur la manipulation d’outils numériques par les élèves et peu donnent des devoirs à la maison nécessitant l’usage d’un ordinateur et d’une connexion Internet. 83% des enseignants n’ont jamais recours à cette pratique (enquête Profetic 2014).
Les principaux freins repérés à la généralisation des usages en classe portent sur les conditions matérielles, la connexion à l’internet, l’équipement des élèves, l’accès aux ressources, mais surtout l’insuffisante formation des équipes aux usages pédagogiques du numérique.
La loi d’orientation et de programmation du 8 juillet 2013 met en valeur la place du numérique dans le projet de refondation de l’École de la République. L’article 16 affirme que le numérique ouvre la voie à de nouvelles pratiques pédagogiques et éducatives et instaure un service public du numérique éducatif dont les missions sont notamment de proposer aux écoles et aux établissements scolaires divers services numériques permettant de « prolonger l’offre des enseignements qui y sont dispensés, d’enrichir les modalités d’enseignement et de faciliter la mise en œuvre d’une aide personnalisée à tous les élèves ». Les objectifs sont clairs. Mais l’appropriation de nouveaux outils pour construire de nouveau scénarios pédagogiques demande du temps et de l’accompagnement, et les changements peuvent être perturbants s’ils sont imposés. Il ne s’agit pourtant pas de faire « table rase » des pratiques traditionnelles, mais de profiter des possibilités offertes par le numérique pour inventer de nouvelles solutions, les échanger avec des collègues via les réseaux, ouvrir son horizon.
De nombreux services ont été récemment mis en place ou soutenus par le ministère de l’Éducation Nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, témoignent de la contribution du numérique au soutien des élèves, à la formation des enseignants, à l’accès aux ressources, sans pour autant se substituer aux dispositifs précédents, mais en les renforçant et en les améliorant. D’Col, English For Schools (CNED), Les Fondamentaux (Canopé), Éduthèque, M@gistère, etc. Ils accompagnent la mise en place de pratiques pédagogiques innovantes (pédagogie inversée, individualisation des apprentissages, travail collaboratif, etc.).
Par ailleurs, il ne faut pas uniquement considérer les pratiques proposées en classe. Le renouvellement concerne aussi le travail des équipes en dehors de la classe, l’organisation de la vie scolaire, la gestion de l’établissement. Ce sont de nouvelles façons de travailler et d’échanger qui s’installent, pour préparer, organiser ou prolonger les activités pédagogiques et éducatives (utilisation de ressources numériques, travail collaboratif et interdisciplinaire à l’aide des outils de partage, etc.), pour suivre à distance le travail des élèves, pour assurer la liaison avec les parents (par exemple via l’ENT), ou encore pour mettre à jour ses connaissances. Le numérique favorise ainsi la création de situations d’apprentissage variées, attractives et différenciées.
Développer de nouvelles pratiques passe par l’accompagnement et la formation des enseignants, en y intégrant les pistes d’usages du numérique dans l’enseignement de leur discipline et la formation à la production et à l’échange de ressources par les enseignants eux-mêmes. Cette dimension est clairement prise en compte par la loi du 8 juillet 2013 qui prévoit, « de proposer aux enseignants une offre diversifiée de ressources pédagogiques, de contenus et services contribuant à leur formation » et inscrit la formation « au » et « par » le numérique comme un volet essentiel de la professionnalisation des futurs enseignants. A ce titre, la plate-forme de formation à distance du ministère (M@gistère), propose déjà de nombreux parcours en ligne pour la formation continue. Ce dispositif, lancé à l’automne dernier a permis à plus de 150 000 enseignants du 1er degré de suivre une formation grâce au numérique. Il sera bientôt utilisé pour les formations des enseignants du second degré. La plateforme FUN (France université numérique) propose également des MOOC pour enseigner le numérique. [http://www.mooc.fr/eFAN.html]
Pour développer les usages du numérique en classe, la qualité des équipements et les contenus numériques sont indispensables : matériels fixes (ordinateurs, tableaux numériques interactifs, etc.) ou nomades (tablettes, enregistreurs numériques, etc.), permettant d’utiliser des ressources numériques, ou des services en ligne. Cependant, leur généralisation peut encore rencontrer des obstacles techniques et/ou financiers : débits insuffisants ; matériel obsolète ; ressources difficiles d’accès, etc.
Les enquêtes nationales et académiques (http://cache.media.eduscol.education.fr/file/ETIC_et_PROFETIC/58/0/PROFETIC-2014-rapport_346580.pdf, https://www.pedagogie.ac-aix-marseille.fr/upload/docs/application/pdf/2014-06/bilan_eval_usages_am2014.pdf, , http://dane.ac-besancon.fr/wp-content/uploads/2014/05/Academie_Tte_discipline_Enquete-DANE_2013.pdf ) attestent du peu d’usages du numérique au-delà de la préparation des cours. Cependant, les pratiques de communication entre élèves hors de la classe sont courantes, mais peu exploitées dans le cadre pédagogique (83 % des enseignants n’ont jamais recours à cette pratique).
La transformation des pratiques pédagogiques et éducatives nécessite d’aborder le numérique et ses usages de manière globale, dans toutes ses dimensions pédagogique, éducative, curriculaire, formative, juridique et technique.
Source : ecolenumerique.education.gouv.fr